Pyrya & Lyra

Lyra venait d'échapper au terrible questionnaire du professeur Ombrage. Celle-ci l'avait en effet interrogée au sujet du professeur Trelawney alors que Lyra ne l'avait encore jamais eue en cours. Heureusement, Ombrage s'était désinterrésée d'elle à l'approche d'une Serpentard que Lyra n'avait encore jamais vue.

Et à la fin du cours, il semble que le professeur-crapaud ait été tellement énervée par le comportement des élèves de la cinquième année qu'elle ait oublié son calepin-spécial-questions-sur-les-autres-professeurs. A quoi jouait-elle au juste ? Pourquoi l'avait-on choisi en temps que professeur de défense contre les forces du mal ? Où était Dumbledor ? Pourquoi Malefoy plutôt qu'un autre ?

Lyra laissa toutes ces questions disparaitre de son esprit. Ce n'était vraiment pas le moment de penser à tout ça. Une Gryffondor de son année, Pyrya, lui avait proposé de discuter un peu dans le parc pendant leur heure de libre.

Pantalaimon, toujours sous sa forme de souris, était perché sur son épaule.

* Tu la vois ?
- Non, pas encore.
- Tu crois que je vais réussir les BUSES de Défense contre les forces du mal avec Ombrage ?
- Je pense que oui. Il te suffira de travailler un peu à côté. Tu verras, avec les livres, on peut toujours tout ?
- Dis-moi si jamais tu vois Pyrya. *

La jeune fille continua de chercher Pyrya, elle aussi, parmis les arbres et arbustes du parc et les adolescents qui étudiaient, se promenaient, discutaient ou s'amusaient au-dehors en profitant des derniers jours de beau temps de la saison.

Lyra fit un bond en arrière. Elle ne s'attendait pas du tout, mais alors vraiment pas à ce que la jeune fille soit perchée dans un arbre et arrive directement devant elle. Une fois passé la surprise, elle se ressaisit et sourit à Pyrya. Mais dès qu'elle fut devant elle Lyra comprit deux choses : la première, qu'elle l'avait certainement entendue parler avec Pantalaimon, la deuxième, qu'elle se pensait incapable d'inventer un mensonge.

* Mince ça commence mal, pensa-t-elle.
- Tu l'as dit ! répondit Pan par la pensée *

Lyra respira un bon coup et, tout en se mordant la lèvre inférieure, elle imagina ce qu'elle pourrait dire ? Le même mensonge qu'avec Tonks ? Pourquoi pas après tout ? Elle avait bien marché et pourtant, elle avait l'air intelligente. Maladroite, certes, mais intelligente.
Mais entamer une relation amicale par un mensonge, ce n'était vraiment pas la chose à faire... Lyra commençait à en avoir marre de mentir à tout le monde. Le professeur Dumbledor lui avait pourtant dit de ne rien révéler sur son monde. Et il était vrai qu'elle ne pouvait rien révéler sans risquer de mettre en danger le secret. Les fenêtres menant à cet autre monde devaient impérativement être fermées. Pour la sécurité de tous. Et si elle le disait à quelqu'un qu'elle ne connaissait pas encore, même une Gryffondor - tout le monde savait que les Gryffondors étaient dignes de confiance - ce ne serait pas correct. Une information paraissant aussi insignifiante était capable, si elle était répétée dans uen quelconque conversation, de renverser la sécurité. Si ce monde apprenait l'existence d'autres mondes, les gens souhaiteraient au plus vite se rendre dans les autres mondes afin de se protéger de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Si j'amais il était revenu, ce dont Lyra n'était vraiment pas sûre bien qu'elle ait entendu le professeur Dumbledor et Harry Potter défendre cette opinion, il voudrait prendre possession des autres mondes lui aussi.

Non vraiment, trop compliqué ! Il lui fallait mentir, mais pas totalement, pas comme d'habitude. Elle n'avait pas le choix. Pyrya lui inspirait confiance mais elle ne pouvait pas se risquer à tout lui révéler. Elle n'avait pas le droit.

"Eh bien, tu vois, Pyrya, oui je parles avec cette souris et elle me répond. C'est assez étrange, j'avoue, en fait, c'est un peu le reflet de mon âme. Quant à l'endroit d'où je viens, c'est assez délicat comme sujet. Je viens d'un petit pays peu connu, dans le nord. Et mon peuple a trouvé le moyen de faire ressortir notre âme. Je sais, c'est étrange mais c'est nos ancêtres, nous ignorons comment ils ont fait, ils n'ont laissé aucune trace, c'est un secret de chef en chef.
Moi, j'ai vécu là-bas très longtemps, et puis mes parents sont morts. Je suis restée toute seule. J'ai décidé de quitter mon peuple pour aller errer dans la solitude et puis je suis arrivée à Oxford. C'est là-bas que j'ai reçu une convocation du professeur Dumbledor. Il m'a appris la magie, du moins, les 4 années d'étude magique que je n'avais pas suivis et puis finalement, je suis entrée en 5° année."

Lyra observait Pyrya. Elle avait du mal à savoir ce que pensait la jeune fille de tout ce qu'elle venait de lui raconter.
N'étant pas sûre que la jeune fille la croie, elle ajouta :

"J'avoue, c'est un peu étrange mais je n'ai pas le droit normalement d'en parler. Surtout de mon âme-souris en fait..."

Pantalaimon se recula lorsque Pyrya s'approcha de lui. Il la renifla, immitant un véritable animal mais lorsque la main vint essayer de le caresser, il ses petites pattes s'agitèrent et il courut le long du bras de Lyra pour aller se réfugier dans sa main. La jeune fille n'avait pu empêcher un tressaillement de la parcourir. La seule personne qui avait jamais touché Pan était Will... C'était une chose interdite de toucher l'âme des autres. Heureusement, Pan avait été rapide et Pyrya n'avait eu le temps que de toucher le bout des poils du daemon-souris. Il tremblait. Lyra le remonta sur son épaule et s'excusa auprès de Pyrya.

"Je suis vraiment désolée, mais en fait, ma culture veut qu'il soit interdit de toucher aux âmes-animaux des autres. il a été effrayé. Il s'appelle Pantalaimon. Tu as un animal toi ? Tu sembles les apprécier particulièrement les animaux."

Lyra espérait ne pas paraître trop distante ni trop égoïste mais c'était une loi qui lui était chère.

Pantalaimon, maintenant rassuré par les paroles de Lyra pointait son petit museaux vers Pyrya, les yeux brillants.

Lyra fut surprise par la réaction de Pyrya, elle semblait vraiment étonnée qu'elle ait fait ses études avec le professeur Duùbledor lui-même, il semblait que c'était un immense privilège. Bon, elle n'ignorait pas non plus son importance mais à ce point !?!

"C'est réellement le plus grand sorcier de tous les temps ? Je croyais que c'était Qui-Tu-Sais. Pourquoi, s'il est plus puissant que lui, ne réussit-il pas à le vaincre ?"

Lyra comprit que c'était une raison évidente, mais elle ne savait vraiment pas grand chose sur Celui-Dont-On-Ne-Devait-Pas-Prononcer-Le-Nom. Et pas non plus grand chose sur Dumbledor lui-même. Le vieil homme n'avait pas insisté sur ce point.

"Oui c'est ça, je viens du Nord et mon peuple s'appelle les Banserbjorn !"

Evidemment, ce n'était pas la vraie réalité. Les Panserbjorns étaient des ours en armure, dans son monde, et leur chef, Iorek Byrnison était un très grand ami de la jeune fille. Aussi lui avait-il dit qu'elle était chez eux comme chez elle, qu'elle faisait partie de leur peuple en quelque sorte malgré qu'elle soit humaine. C'était même lui qui lui avait donné le nom de Parle-d'Or en remerciement de l'aide qu'elle lui avait apportée. Lyra en était très fière.


"Ne t'en fais pas, si tu me poses des questions, ça ne me dérange pas."

Lyra sourit en voyant Pyrya s'approcher de la souris et s'adresser à elle. Pantalaimon contacta Lyra par la pensée.

*Je suis censé faire quoi ?
- Eh bien elle sait alors tu peux lui répondre.
- Ca me gêne.
- Rooo Pan, fais pas ta tête de mule, répond-lui ! Et tout de suite !*

Pantalaimon se renfrogna et se plaça sur ses petites pattes arrières, le museau dirigé vers Pyrya.

"Mon nom est Pantalaimon, mais Lyra me surnomme Pan, c'est plus pratique."

* Eh ben tu vois, c'était pas la mort !*

Pantalaimon ne répondit rien, Lyra savait qu'il avait pour progès de lui faire la tête pendant quelques heures.

Lyra se tourna ensuite vers la jeune fille et s'empressa de rassurer Pyrya.

"Ne t'inquiète pas, j'ai entendu dire que notre maison a gagné la coupe des 4 maisons 4 fois d'affilée ! Je ne vois pas pourquoi une cinquième fois serait de trop ! Ce n'est pas quelques points enlevés qui vont nous causer des problèmes ! Nous nous rattraperons bien assez tôt je pense ! Et puis, je comprends parfaitement que tu ais réagi comme ça. Cette femme - ou devrais-je dire, ce crapaud - est infernal. Nous avons quand même les BUSES à la fin de l'année et je suis certaine qu'il nous sera demandé de pratiquer et non de répondre à des questions sur un livre !"

Lyra fut enchantée de savoir que Pyrya avait un chat. Elle aimait beaucoup les chats et elle appréciait que Pan se transforme en chat. Peut-être un jour inviterait-elle Pyrya dans un endroit sûr et lui montrerait ces transformations. Lyra ne doutait pas que cela plairait à la jeune fille.

"Oh, tu l'as reccueillie ! Tu as un trop bon coeur ! Ne t'en fais pas Pan est habitué aux chats, il ne les craind pas pas vrai Pan ?

- Oui oui.


- Il fait la tête parce que je lui ai demandé de te parler, c'est une vraie tête de mule celui-là quand il a décidé quelque chose. Mais ne t'en fais pas, c'est toujours comme ça avec lui, on se chamaille souvent ! J'aimerais beaucoup voir ta chatte. Tu me la montreras ? J'adore les chats. Mais j'aimerais bien m'acheter un hibou un de ces jours. J'ai entendu dire qu'on avait droit à des sorties dans un village proche quelques fois dans le week-end. Pré-au-lard c'est ça ? Tu saurais pas s'ils vendent des animaux ?"

Lyra savait que le courrier s'envoyait pas hiboux et elle aurait beaucoup aimé en avoir un pour les fois où elle retournerait dans son monde et devrait contacter des gens de ce monde-ci.

Pantalaimon fixait Pyrya avec ses grands yeux noirs. Relevé sur ses pattes arrière, il répondit :

« Nous avons tous des noms dans ce genre d’où nous venons. Prends le temps de choisir comment tu as envie de m’appeler. Mais que ça reste un secret. Personne ne doit savoir que je parle. »

Lyra sourit devant la prévention de la petite souris. Décidément, Pantalaimon ne cesserait jamais de s’inquiéter. Et à chaque fois que le jeune fille le lui faisait remarquer, il rétorquait qu’il fallait bien qu’il y en ait un des deux qui fasse attention pour l’autre ! Quel rabat-joie !

Le regard de Lyra se reporta sur Pyrya.

« Tu dis le nom de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, fit remarquer Lyra, c’est très… déstabilisant. Je croyais que nous n’avions pas le droit de le prononcer tout haut ! Tu es d’ailleurs la seule personne que j’entends le dire si on oublie le professeur Dumbledor. Il ne te fait pas peut Tu-Sais-Qui ? En tout cas, merci pour les renseignements. Tu m’en as appris beaucoup ! »

La jeune fille, en effet, y voyait déjà plus clair bien qu’il y ait quand même des choses qu’elle ait du mal à assimiler.

Quant à Pré-au-Lard, elle fut rassurée d’apprendre qu’elle pourrait y trouver un animal. Mais Pyrya semblait préférer la boutique du Chemin de Traverse. Tant mieux ! Elle ne pouvait en effet pas se rendre à Pré-au-Lard pour le moment.

« Je te remercie pour ton conseil. J’essaierais de me rendre sur le Chemin de Traverse. Je suppose qu’il faut attendre les vacances pour avoir le droit de s’y rendre ? Ou alors peut-être qu’on peut demander à des adultes, des professeurs pas exemple, de nous en ramener. Mais je crois que je préfère attendre. J’aimerais choisir moi-même mon futur compagnon ! »

Pyrya avait raison en ce qui concernait les cours. Les livres de Défense contre les forces du mal pourraient lui suffire si elle daignait travailler un peu. Et cela ne poserait pas de problème à priori. Du moins, pas tant que Pantalaimon serait là !

« C’est vrai, entre Gryffondor, on se serre les coudes et tout devient possible ! »

Lyra sourit, elle était contente d’avoir enfin une discussion avec quelqu’un de sa maison.

Lyra sourit. Pyrya était quelqu’un de confiance. Elle n’en doutait plus à présent. Elle garderait le secret. Quant à Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, c’était une autre histoire. Lyra ne s’était jamais vraiment posé la question de si cet homme lui faisait peur ou non. A vrai dire, au début, elle avait plutôt écouté cette histoire comme s’il s’était agi d’un livre mais il ce n’était pas le cas. Pour le moment, elle ne se sentait pas vraiment concernée malgré qu’elle sache qu’elle devrait. Le professeur Dumbledore lui avait demandé de ne pas omettre ce détail : Voldemort était revenu et il traiterait tout le monde de la même façon. Lyra admirait le professeur Dumbledore, un peu comme elle admirait le Maître de Jordan College. Alors, elle ne mettait pas en doute sa parole.

« Tu m’as tout l’air d’être une fille vraiment courageuse. Tu as raison, nous devrions tous prononcer son nom. Mais bon, disons que je ne suis pas habituée ! »

Le nom de Voldemort répété avec hystérie donnait un côté excité à Pyrya qui amusait beaucoup Lyra. Cette fille ne tenait pas en place !
Lyra parut étonné de la proposition de la jeune fille.

« Attends, t’es sérieuse ? Tu t’imagines que si on s’entraîne à la Défense Contre les Forces du Mal et que Ombrage passe par là, on risque le renvoie ? Avec elle dans les parages, on n’est sûres de rien. »

Lyra était du genre plutôt courageuse mais pas audacieuse. Cependant, cette idée, de désobéir à cette saleté de professeur l’enchantait plutôt ! Elle n’allait tout de même pas se priver de s’amuser un bon coup.

« Cela dit, j’avoue que je suis super tentée ! Alors, t’as une idée d’où on pourrait s’entraîner discrètement loin des regards des Serpentard et du Crapaud ? »

Elle lança un regard complice à Pyrya.